jeudi 1 octobre 2009

Monsters Of Folk


Monsters of Folk

Monsters of Folk, projet musical alléchant, est – comment dire – monstrueux par son casting. C’est il y a déjà quelques mois que l’annonce de la naissance officielle de ce groupe faisait frémir d’impatience la blogosphère musicale. Et pour cause.


Nous retrouvons donc au volant de ce bolide Conor Oberst. Jeune songwritter et véritable petite belle gueule pensante de 29 ans ultra prolifique, il fut désigné comme « le nouveau Dylan » par Bruce Springsteen. Le jeune homme est responsable d’une plâtrée d’album depuis l’âge de 13 ans, notamment au sein de son groupe Bright Eyes, mais aussi en solo et avec divers projets. Plusieurs albums sont hautement recommandables, comme le I’m wide awake, and it’s morning, ainsi que Cassagana.


A l’affiche également Jim James, véritable organe aux échos mélodramatiques souvent teintés de sacré, plus connu comme leader du groupe folk progressif My Morning Jacket. Il fit également une apparition cinématographique dans le film (ainsi que la B.O.) I’m Not There, de Todd Haynes, où on l’apperçoit interprétant le titre « Going to Accapulco », visage peint en blanc, à l’enterrement d’une jeune fille dans la partie de Richard Gere. Moins connu, M. Ward est un chanteur Folk/Country attaché à la musique traditionnelle américaine. Ses enregistrements font office d’ovni aux Etats-Unis, avec un son très roots et vintage. Le chanteur a également participé à une tournée US de Bright Eyes en 2002. Pour finir, Mike Mogis, membre de Bright Eyes puis musicien pour des groupes qu’il produit, notamment The Faint, projet trash punk éléctro qui eut un certain succès il y a quelques années.

Malgré tous ces ingrédients alléchants, la tambouille ne prend pas. Non pas que le projet soit raté, il reste juste ennuyeux pour une bonne moitié du disque. Tantôt très bon comme ce « Say Please » violent et torturé à souhait, tantôt conventionnel voire passable. Le premier titre « Dear God » n’a absolument rien de folk. Avec une ouverture à la harpe type variété asiatique, la chanson prend des airs d’appel métaphysique, ressemblant plus à une bonne Face B des Flaming Lips qu’à un tube folkeux. Autre fait frappant, le groupe paraît souvent se reposer sur ses aquis, comme avec « Temazcal » où Conor Orbest nous sert un titre froid, typique de son Bright Eyes dans ses instants les plus vides, ou encore avec « His Master Voice » où Jim James nous rabbat encore les oreilles avec son admiration sans limite pour les Beatles. Rappelons que l’homme a sortit début août un EP 6 titres constitué de reprises de George Harisson.

Dans un registre plus flatteur, accordons tout de même au groupe des moments de lucidité Rock/ Folk avec « Baby Boomer » et le très dynamique « Whole Lotta Loosin » qui rappelle étrangement le « Big Mouth Blues » de Gram Parsons, version que l’on croirait sortie du cerveau de ce dernier se réveillant du bad trip à l’héroine qui l’a achevé en 1972. Pouce levé également pour « Slow Down Joe », morceau de bravoure aux échos harissoniens où la cohérence d’un supergroupe semble enfin se dessiner, de même que « Man named Truth », très protest song dans sa mélodie.

Point positif indéniable, ce projet garde l’allure de ces groupes qui donnent envie de se lever le matin, tout en sifflotant « The Right Place », ravi que cette bande de gars existe. Pour la cohésion parfaite réservée aux Supergroupes, allons plutôt chercher du côté des pros de la démonstration à la Led Zeppelin ou Crosby, Still, Nash & Young, car il n’y a ici que des musiciens ne vivant que pour le plaisir de jouer de la musique entre potes, fait rare chez un groupe de nos jours.


Monsters of Folk album
Monsters of Folk, Monsters of Folk, 2009 (Shangri-La Music/Rough Trade).


D.S.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire